De petits coquillages percés retrouvés en Israël et en Algérie seraient les plus anciens bijoux connus, affirment aujourd’hui des chercheurs dans la revue Science. Cette découverte signifierait qu’il y a environ 100.000 ans les hommes, en se parant, faisaient déjà preuve de modernité.
Les trois petits coquillages Nassarius gibbosulus sont percés en leur centre, une perforation qui a très peu de chances de se produire naturellement, expliquent Marian Vanhaeren (University College London CNRS) et Francesco d’Errico (CNRS), qui ont comparé les trois perles rares à des coquillages modernes de la même espèce. Ces chercheurs avaient déjà découvert des conques de Nassarius gibbosulus perforées vieilles de 75.000 ans dans une grotte à Blombos, en Afrique du sud. Cette fois-ci, c’est en parcourant les collections des musées qu’ils ont trouvé des coquillages exhumés en Israël, sur le site de Skhul, et en Algérie, à Oued Djebbana. Dans les deux cas, les coquillages étaient loin de la mer (jusqu’à 200 km pour Oued Djebbana).
Pour dater les coquillages de Skhul, les chercheurs se sont appuyés sur l’âge des squelettes trouvés dans les mêmes couches sédimentaires –100.000 à 135.000 ans- et ont analysé les sédiments accrochés à l’un des coquillages pour vérifier qu’il était bien issu de la même strate. Pour le site algérien, la datation est plus floue : il est âgé d’au moins 35.000 ans.
Si des hommes ont vraiment conçu des bijoux ou des parures il y a 100.000 ans, cela repousse très loin dans le temps l’apparition de comportements modernes. On considère habituellement que les premiers signes de culture datent d’environ 40.000 ans, avec l’arrivée des hommes en Europe. Les peintures de la grotte Chauvet ont 30.000 ans, celles de Lascaux moins de 20.000 ans…
Cécile Dumas
(23/06/06)(Archives du Nouvel Obs)
Les premiers bijoux en perles