La cité portuaire du golfe Persique est de longue date un des centres du commerce maritime mondial. Et elle entend aussi s'imposer, à grand renfort d'investissements, dans le domaine aérien.
Ici, sur la rive gauche de la Crique, le bras de mer qui coupe en deux la vieille ville, bat le coeur de Dubaï. Sur ce quai baigné par l'épaisse brume de chaleur qui monte avec l'arrivée du crépuscule, les dockers pakistanais, indiens ou africains se hâtent de charger les dowls, des boutres multicolores qui appareilleront à l'aube vers le Pakistan, l'Iran, l'Inde, le Yémen ou les ports plus lointains de la corne de l'Afrique. A bord de ces bateaux dont la forme n'a pas changé depuis des siècles, ce ne sont plus des armes, des perles ou des esclaves que l'on embarque, mais des téléviseurs à écran plat, des ordinateurs, des machines-outils et même des 4 x 4. Des produits arrivés de la planète entière, tout juste sortis des conteneurs débarqués sur le port Rachid, situé à moins de 2 kilomètres.
Sa plus grande richesse, Dubaï - qui doit inaugurer en 2008 la plus haute tour du monde (au moins 700 mètres) - ne la tire ni du pétrole ni de l'argent qui coulent à flots dans la région, mais avant tout de sa position géographique. La cité, placée au carrefour des routes qui joignent l'Inde, le Pakistan, l'Iran et la Chine au Moyen-Orient, à l'Afrique et à l'Asie centrale, a toujours été un paradis pour les marchands.
Au XIVe siècle, Marco Polo témoignait de la présence à l'embouchure de la Crique d'une bourgade prospère vivant du commerce des perles précieuses pêchées dans les eaux du golfe Persique. Portugais et Français précéderont les Anglais, qui occuperont le site au début du XVIIIe siècle. En 1833, les Al-Bu Fasala, une branche de la tribu des Bani Yas, venus de l'émirat voisin d'Abu Dhabi, prennent le contrôle de la ville. Leur chef, Maktoum Ben Mutti, établit la dynastie des Al-Maktoum, qui règne encore sur la cité-Etat.
Avec beaucoup de peine, la couronne britannique débarrasse la région de ses bandes de flibustiers. Sous domination anglaise, la côte des Pirates devient la côte de la Trêve. Les bateaux anglais arrivant de l'Inde font escale dans la ville avant de reprendre le long périple qui les emmène vers l'Europe. Au début du XXe siècle, Dubaï, qui n'est encore qu'une maigre agglomération aux portes du désert, s'enorgueillit déjà de détenir les plus beaux souks de la région. Le commerce de l'or, surtout avec l'Inde, supplante celui des perles, en plein déclin après l'invention de la perle de culture au Japon.
29/03/2006
La Crique de Dubaï
L'Expansion